Série documentaire – 5×52 min
Réalisation: Georges-Marc Benamou, Mickaël Gamrasni et Stéphane Benhamou
Son: Antoine Bourdain
Location matériel son: Anatone
Production: Siècle Productions
Diffusion des épisodes 1, 2 et 3 lundi 14 mars à 21h10 et des épisodes 4 et 5 mardi 15 mars à 21h10 sur France 2.
Tous les épisodes sont disponibles en replay sur france.tv dès le 4 mars à 6h00.
À l’occasion du 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, France 2 propose 2 soirées spéciales autour de la série documentaire événement de Georges-Marc Benamou, écrite avec Benjamin Stora, C’était la guerre d’Algérie. Une fresque historique en 5 épisodes.
À partir d’archives rares, restaurées et colorisées, C’était la guerre d’Algérie est un film sans tabou et à hauteur d’hommes. La série aborde tous les tabous de cette « guerre sans nom » : ceux de la colonisation française et ses promesses non tenues mais aussi ceux d’une histoire algérienne méconnue, avec ses vainqueurs et ses victimes… Des massacres de Sétif en mai 1945 à l’indépendance de juillet 1962…
Depuis la colonisation en 1830, la série explore la plus chaotique et méconnue de toutes les indépendances qui ont émaillé l’histoire de la colonisation française. Le film prend le parti de croiser la grande Histoire avec la « petite ». Les témoins d’hier se mêlent aux mémoires d’aujourd’hui, parmi lesquels : Nicole Garcia ou Cédric Villani pour les Français d’Algérie ; Ali Haroun, l’ancien patron du FLN en France, ou Kahina Bahloul, la jeune imame franco-algérienne ; sans oublier des appelés de l’armée en Algérie, ou des descendants de harkis, comme l’ancien maire de Volvic, Mohamed Hamoumou.
Par-delà les archives, ce film est incarné par des figures identifiables dont nous suivrons les destins contrastés : Albert Camus, le libéral engagé d’Alger, Ferhat Abbas et Messali Hadj, les pionniers malheureux du nationalisme algérien ; François Mitterrand qui sera en première ligne de 1954 à 1957 ; le paradoxal Jacques Soustelle, immense intellectuel libéral devenu un « dur » ; Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, parmi les plus fameux « fils de la Toussaint », à l’origine de l’insurrection ; Massu et ses paras, durant la bataille d’Alger ; Germaine Tillion qui, de 1934 à 1957, filme l’Algérie, lutte et raconte ; Yacef Saâdi, le chef de la Casbah d’Alger, ou encore Charles de Gaulle, arrivant en sauveur, recherchant désespérément « la paix des braves », et ne la trouvant pas…
Juillet 1962, l’Algérie est indépendante. Ils sont des millions à travers tout le pays à fêter la naissance d’une nation et la fin de 130 années de présence française. Un million d’autres, européens, appelés les « pieds-noirs », nés en Algérie et enracinés depuis des générations quittent le pays dans un dramatique exode. « La guerre d’Algérie, c’est la guerre qui n’aurait jamais dû avoir lieu », a dit Ferhat Abbas, le premier président du gouvernement provisoire de la République algérienne. Et pourtant cette guerre « qui longtemps n’aura pas de nom » va durer huit longues années. De 1954 à 1962, la guerre d’Algérie, ce sont un million et demi de jeunes appelés français, contre des milliers de maquisards, côté algérien, 30 000 morts militaires français, des centaines de milliers d’Algériens tués, des milliers d’Européens disparus au moment de l’indépendance…
On devrait dire « les » guerres d’Algérie. Une guerre entre nationalistes algériens et l’armée française bien sûr, mais aussi une guerre entre Algériens ; celle qui opposa cruellement deux mouvements indépendantistes rivaux. Et l’autre qui opposa les harkis, ces musulmans pro-français, au Front de libération nationale algérien (FLN) et qui fit, à l’indépendance, des dizaines de milliers de morts, côté harkis. Et enfin la guerre franco-française qui commence à Alger en juin 1958 par un grand malentendu. Une guerre qui divisa la France, la terrorisa durant des années et faillit la faire basculer dans le chaos. C’est tout cela la guerre d’Algérie. L’histoire de deux peuples déchirés un temps, mais liés à jamais par ce passé commun.
Épisode 1 : L’Algérie française (1830-1945)
Pour comprendre la guerre d’Algérie, il faut remonter l’histoire, avant son déclenchement officiel le 1er novembre 1954, et son terme tout aussi officiel le 19 mars 1962. Il faut remonter à la conquête de 1830, à la « première guerre d’Algérie avec l’émir Abdelkader, et découvrir « l’Algérie française »… Durant 130 ans, la France va tenter de faire de l’Algérie une « région française » en assimilant des territoires, en développant le pays ou en accueillant une population d’exilés venus de certaines régions françaises mais aussi de pays européens comme l’Italie ou l’Espagne (qui deviendront les pieds-noirs), sans jamais assimiler les populations « indigènes ». Nombreux seront les rendez-vous manqués et les promesses non tenues de la République, jusqu’à l’explosion du 8 mai 1945, l’émeute nationaliste de Sétif et sa terrible répression – qui annonce la guerre, dix ans plus tard.
Épisode 2 : L’insurrection (1954-1955)
Dans cet après-guerre, malgré Sétif et sa terrible répression, rien n’a vraiment changé en Algérie. Même si certains musulmans, comme Ferhat Abbas, croient toujours en la France et ses promesses d’égalité et de liberté. En 1947, un statut de l’Algérie plutôt « libéral » est voté par l’Assemblée algérienne. Il soulève bien des espoirs. Mais pour le parti des « grands colons », il y a le feu ! Il faut bloquer ce dangereux statut. Alors, les autorités françaises vont organiser une élection truquée : le bourrage des urnes est massif et systématique dans toute l’Algérie.
Six ans avant le début de cette guerre, le modéré Ferhat Abbas tire alors la sonnette d’alarme. Lui qui croyait encore en la France et ses promesses se sent trahi… Au même moment, les jeunes du parti de Messali, le rival de Ferhat Abbas, créent une branche clandestine, l’Organisation Spéciale. Ils se décident à agir, plus efficacement que les « anciens ». Et, de 1947 à 1954, cette Organisation Spéciale va tisser sa toile. Parmi eux, on retrouve Ahmed Ben Bella, revenu décoré par de Gaulle et déterminé à agir, et un jeune intellectuel kabyle de bonne famille, Hocine Aït Ahmed.
Pour les jeunes dissidents comme Ben Bella et ses amis, Diên Biên Phu est un déclic. Il faut passer à l’action. Sans tarder. Comme en Indochine. Une date est choisie pour l’insurrection générale.
Épisode 3 : La « sale guerre » (1956-1957)
Début 1956, la guerre dure depuis deux ans, même si tout le monde feint de l’ignorer. Avec les pouvoirs spéciaux votés par l’Assemblée nationale, Guy Mollet envoie le contingent en Algérie. Dans les années qui suivent, un million et demi de jeunes Français, des appelés venus de métropole, vont débarquer pour un service militaire porté à 30 mois. Une génération entière va découvrir la guerre. Marquée par de terribles attentats, l’année 1956 voit s’affronter différents fronts. Les ultras radicaux de l’Algérie française, soutenus par certains militaires, cherchent à faire pression sur la population et le gouvernement. Tandis qu’en réaction à la guerre contre-révolutionnaire menée par l’armée française, le « FLN des débuts » va se structurer, éliminer ses rivaux, étendre son influence politique et mener son combat dans les villes.
Épisode 4 : 1957, la bataille d’Alger
1957, trois ans déjà, la guerre a commencé. Plus de 200 000 soldats, jeunes appelés du contingent, viennent de débarquer pour prêter main-forte à l’armée qui se bat dans les djebels, contre le Front de libération national algérien, le FLN. Bientôt, ils seront un million cinq cent mille, venus des quatre coins de la France, à participer à « cette guerre sans nom » qui est devenue une « sale guerre » où l’armée, les paras, la Légion traquent les maquisards du FLN. Une « sale guerre » dans les campagnes où le FLN attaque et s’en prend aux Européens et aux musulmans pro-français. 1957 est une année pivot où, dans les deux camps, les durs vont l’emporter…
L’armée française d’une part qui va imposer ses vues à un pouvoir politique en perdition. Et côté algérien, la montée en puissance du FLN, qui se structure, s’impose face à ses rivaux, et va inaugurer une nouvelle stratégie, un nouveau front : porter la terreur dans les villes et d’abord à Alger. Ce sera la bataille d’Alger.
Épisode 5 : Vers l’indépendance (1959-1962)
C’est le vrai-faux coup d’État du 13 mai d’Alger qui ramène de Gaulle au pouvoir, après 12 années de traversée du désert. Il est l’homme providentiel pour les « pieds-noirs » et l’armée. Mais, très vite, des doutes s’installent chez ceux qui l’ont porté au pouvoir. Où va-t-il, ce de Gaulle de 1958 ? Où conduit-il l’Algérie ? Pense-t-il déjà à l’indépendance ? Ou seulement, comme on le dit, à quelques réformes profondes pour donner à l’Algérie un statut d’autonomie ?
De 1958 à 1959, de Gaulle va tenter de trouver son chemin vers l’orient compliqué de l’Algérie… Il lance l’ambitieux Plan de Constantine, pour développer économiquement l’Algérie et lier son destin à celui de la France. Il jure « Jamais, moi vivant, le drapeau du FLN ne flottera sur Alger ». Et il poursuit la guerre militaire avec plus de force encore que ses prédécesseurs. Un déferlement militaire est déclenché avec le plan Challe pour écraser le FLN. Mais de faux-semblants en équivoques, la guerre d’Algérie va durer trois années de plus.
Et ce sera la plus chaotique des indépendances.
Pour la prise de son sur cette série documentaire, l’ingénieur du son Antoine Bourdain a utilisé un enregistreur Sound Devices 633 et un micro Sennheiser MKH60.